Nous avons quitte la jolie petite ville de Jauja apres s y etre arrete une apres midi. Les deux jours qui suivirent, ont ete bien moins interessants et beaucoup plus monotones que ces dernieres semaines. Nous avons suivi l immense vallee du rio Mantaro, coinces entre ce fleuve, la route et la voie ferree. Ayant debute par un chemin de campagne au milieu des champs, digne d une balade du dimanche, la voie ferree a rapidement englouti le chemin Inca et nous ne l avons plus quitte. Si elle n avait pas ete desaffectee, le train aurait pu s appeler "Qhapaq Nan Express".
A l approche de Huancayo, la plus grande ville de notre itineraire au Perou, les abords des rails etaient de plus en plus habites et vivantes. Mais une fois arrives dans les faubourgs de la villes, c est une deux fois deux voies a forte circulations que nous apercevons. Celle ci nous a refoidi et incite a prendre un taxi pour les quatres derniers kilometres.
Huancayo, une etape de repos pour nous, est une ville de taille importante, sans interet majeur. Ici et depuis Junin, nous avons traverse un autre Perou, plus moderne. Les commerces (et leurs produits) sont plus diversifies, les routes bitumees plus nombreuses, les banques plus florissantes... Dans cette captiale provinciale se trouve un grand centre commercial qui nous a fait oublier que nous sommes en plein coeur des Andes.
Ces derniers jours ont tout de meme ete egaye par la preparation de la Fiesta Patrias. La fete nationale celebre l independance du Perou datant du 28 juillet 1821.
Nous avons quitte la ville de Junin, pour le dernier bout de la grande pampa. En cherchant le Qhapaq Nan, nous nous sommes retrouves dans des marecages puis, dans une nouvelle serie de barbeles. Ceux ci auront eu raison de Simon, qui s est retrouve avec un beau trou dans la cuisse... Malgre ces mesaventures, le detour que nous avons fait, nous a amene a croiser de nombreuses vigognes. Sur la fin de la pampa, se trouvait le monument de Chacamarca, un memorial pour la bataille de Junin qui a donne l independance au Perou.
De la, le Qhapaq Nan a disparu, sur une portion de 30 kilometres, jusqu au village de Cochas. Dans le cadre de notre partisipation au projet Qhapaq Nan, les detectives Chapi et Chapo sont partis a sa recherche...
Un guide se trouvait au monument, passionne, il nous a indique la suite du chemin a suivre, en nous donnant les deux premiers villages a rallier. Sans carte et sans parcours predefini dans le GPS, nous sommes partis rejoindre le premier village, San Pedro de Cajas. Juste avant le village, nous avons trouve notre premier indice, une sentier pre-colombien borde de pierres. La photo que nous avons prise sera peut etre le dernier temoin de cette trace historique, des buldozers etaient entrain de tout razer.
Nous avons decouvert la ville peu animee de San Perdo de Cajas, declaree capitale de l artisanat, ainsi que l etrange site de Cachipuquio (deux profonds puits d eau salee, datant de 1200 ans av.JC)
Au soir, une rencontre avec une mamie fort sympatique, nous a permis d avancer dans notre enquete "a la recherche du Qhapaq Nan". Croquis en main, indiquant un vieux sentier a suivre et quelques noms de villages, nous sommes repartis la loupe a la main. La surprise etait de taille, nous sommes tombes sur un tres beau sentier borde de pierres et amenage d escalier, que nous avons suivis jusqu au village Purhuaracra situe dans une profonde et etroite vallee.
Mais cette fois ci, malgre les nombreuses enquetes de voisinage menees, nous n avons recolte aucune information viable et avons perdu trace du chemin. Prenant donc tout droit, les deniveles se sont accumules, en franchissant deux nouvelles vallees successives... La, notre enquete a patauge, aucune trace des Incas par ici.
Debouchant sur le village de Yanamachay, deux vieilles dames nous ont remis sur le droit chemin ! Nous avons traverse pampas et cols ou des petits indices nous ont confirmes etre sur un chemin pre-colombien. Apres deux jours et demi de marche, meme si nous n etions pas sur qu il s agissait du Qhapaq Nan, les rencontres chaleureuses et instructives, nous ont permis de decouvrir un bel itineraire montagneux qui nous a change du plat de la pampa de Junin.
Arrives a Cochas, nous avons retrouve le chemin Inca qui nous a conduit
au village de Tarmatambo. Par manque d hotel, nous avons fini dans une
auberge de luxe, au pied des ruines. Bouillote et couette en duvet nous
ont tenu chaud toute la nuit.
Le lendemain, pour eviter le bitume,
nous avons pris une variante par la vallee de Huaricolca. Elle renferme
la grotte de Mama Huari qui abrite "le plus grand sanctuaire rupestre du
Perou". Mais, au bout du canyon, nous y avons decouvert que des
fresques d a peine 20 centimetres.
Durant ces deux jours qui nous ont amenes a Jauja, les paysages ont ete nombreux et varies sur une courte distance.
Apres une montee bien raide sous le soleil de midi, accompagnes par deux petites filles adorables qui nous ont montres un raccourci, nous sommes arrives sur le site de Ichugan. De tres belles ruines de la culture Yaro datant de l an 800, qui semblent oubliees de part leur isolement. Nous avons fini l apres midi sur un beau troncon du Qhapaq Nan qui nous a amenes aux abords de la pampa de Junin.
La pampa de Junin est un immense plateau a 4100 metres d altitude, d environ 100 kilometres de long, sur lequel se trouve le lac Junin (ou Chinchaycocha). Il est le deuxieme plus grand lac du Perou avec une superficie de 530 kilometres carre.
Il nous a fallut deux jours pour traverser la premiere partie, une grande etendue herbeuse ou de nombreux lamas, alpagas... broutent en toute tanquillite. Ils sont parques dans des parcelles delimetees par des files barbeles, que nous avons du franchir. C est a saute-moutons que nous avons joue une centaine de fois afin de traverser la pampa. Sur le plateau, se trouvent plusieurs mines, dont la geante du Cerro Huayhuash. Ce mont decoupe en pyramide a etages, de couleur marron, ressemble etrangement de loin, aux pyramides construitent aux epoques pre-Inca (comme celle de la culture Chimu par exemple).
Au soir, nous sommes arrives sur les rives du lac Junin ou nous avons plante la tente. Un bivouac qui rentre dans le top 5. Face a nous se dressait une tres belle lagune ou flamants roses et autres oiseaux se prelassaient au coucher du soleil. Ainsi que le site de Pumpu qui se trouvait sur l autre rive. Mais ca a ete la plus froide nuit, nous nous sommes reveilles par -5°c dans la tente. Au matin, le cafe, pain et fromage offerent par le berger d a cote, etaient les bienvenus. Il nous a confirme la temperature exterieure (entre -10 et -15°c) en mesurant l epaisseur de la glace.
Les jours suivants se sont poursuivis le long du lac sur le Qhapaq Nan (qui etait parfois sous les eaux), en compagnie de nombreuses especes d oiseaux s envolant a notre passage. Quelques villages se trouvaient sur notre chemin, dont certains abritent encore de magnifiques petites eglises coloniales.
Arrives a Junin, nous nous ressourcons, avant de reprendre la route demain.
Apres La Union, nous avons grimpe sur un plateau dans la pampa de Huanaco Viejo, ou s etend un grand site archeologique. Cette citadelle Inca etaiet l un des plus grand edifice de Tahuantisuyu. Encore bien preservee, il s y deroule chaque annee la fete du soleil avec plus de 400 artistes (le 27 juillet).
Apres cette visite nous avons commence a prendre de la hauteur, en passant par des petits hameaux, pour rejoindre la ville de Banos, ou nous n avons pas profite des sources chaudes, une longue route nous attendait.
De la, nous avons continue a prendre de l altitude et nous sommes restes a plus de 4000 metres pendant 3 jours. Nous avons traverse des pampas, des cols et des vallees ou seul le Qhapaq Nan ralliait les hameaux entre eux. Sur ces chemins, nous avons croise a plusieurs reprises des caravanes, ou le mulet et l ane ont remplace le lama comme animaux de bats. Ils transportent, aux villages perches, des sacs de nourriture, du foins ou encore du bois pour la cuisine (notre rechaud a bois est actuellement inutile, il n y a rien a bruler a nos bivouacs).
Sur toute ces hauteurs, nous avons encore marche sur de magnifiques troncons du Qhapaq Nan, bien conserves. C est dans un tout autre panorama que nous avons evolue, dans un paysage rocailleux ou la pampa nous a offert une vision lointaine. Apres la Blanca, c est la Cordillere Huayhuash que nous avons longe. Nous avons encore fait un tres beau bivouac face aux montagnes enneigees, a la lagune de Tambococha, qui hebergait de nombreuses especes d oiseaux.
Nous avons ensuite rejoins la ville de Yanahuanca afin de nous reapporvisionner. Comme a notre habitude, nous avons achete un stock de biscuits "Casino" aux 9 saveurs, pour les 3 jours suivant.
Au depart de Cajamarca, au Nord du Perou, nous avons suivi l ancien chemin royal, le Qhapaq Nan. Pendant 25 jours sur 500 kilometres, des vallees peuplees aux pampas desertiques a plus de 4000 metres, nous avons parcouru la premiere partie de notre itineraire au Perou.
Notre traversee du Perou debute a Cajamarca, une ville piliee dans l histoire Inca. C est ici qu Atahualpa, dernier empreur Inca, fut execute par les Conquistadors. Nous decouvrons cette ville, qui a su conserver son patrimoine culturel (pierres Incas, edifices religieux, chambre de la rancon...), sous une ambiance de manifestations pour la preservation de la nature (des manifestations qui sont toujours d actualites et fortement mouvementees).
Durant notre premiere etape, nous parcourons la campagne Peruvienne. Le Qhapaq Nan nous conduit de village en village, par des chemins empruntes et entrenus, mais parfois celui s est fait engloutir par le bitume. La vie se deroule a travers ces routes, les habitants vont et viennent avec leurs troupeaux, conduits a pied, a cheval ou encore a moto. Les campagnes sont colorees par les diverses cultures tres presentes dans la region, ainsi que par la vegetation.
Ce troncon qui nous amene a Huamachuco est paisible et ensoleille, sans difficulte majeure. Agremente d hotels et de restaurants, il est une bonne mise en jambe pour la suite du voyage. Dans cette ville de repos, nous consacrons une journee a la visite du temple de Wiracochapampa (site fonde par les Huaris) et a la magnifique cite de Marcahuamachuco (fondee par les Humachucos) perchee a 3600 metres d altitude.
La deuxieme etape est fort contrastee avec celle du debut. Nous entrons dans une zone beaucoup plus haute en altitude et sauvage. Ici, nous passons la barre des 4000 metres et apercevons nos premieres vigognes. Le climat est rude et la meteo alterne entre soleil brulant et averses de pluie, ce qui rend les journees plus difficiles, cumulees au denivele et a l altitude. Malgre cela, nous traversons des paysages magnifiques (pampas etendues, hauts cols, lagunes isolees, sommets rocailleux) et nos premiers bivouacs au Perou sont humides, mais apreciables.
Nous commencons a marcher sur de beaux troncons du chemin Inca (certains classes au patrimoine cultutel Peruvien), qui s etendent a perte de vue. Visible de loin, le Qhapaq Nan l est parfois moins de pres et il joue a cache-cache avec nous a plusieurs reprises. Sur la fin, nous traversons des petits villages perches et c est par une longue vallee etroite, parsemee d oasis, que nous arrivons a Conchucos qui celebre la journee des paysans.
L etape suivante, plus variee, alterne entre des longues pistes en fond de vallee, des sentiers en balcon a haute altitude, des zones desertiques et des villages imposants. Au premier jour de marche, nous battons un double record : celui du plus haut bivouac a 4470 metres d altitude et celui de la plus froide journee, marquee par la grele. Mais cela ne nous arrete pas, c est bien couverts que nous franchissons les hautes pampas qui, lorsque le soleil se degage, offrent un panorama sur la Cordillere Blanche. Les bivouacs sont frais, mais memorables.
Ici, le temps a efface le Qhapaq Nan en grande partie, mais des ruines, comme celle du Tambo Pariachuco, ont survecu. Nous passons des villes carrefour comme Sihuas un peu triste, mais essentielles, elles nous permettent de nous ravitailler. Nous finissons ce troncon a Piscobamba, ou une nouvelle fete nous attend, religieuse cette fois.
Notre derniere etape est marquee par une grande richesse de l epoque Inca. Des le premier jour, nous empruntons un sublime pont Inca realise de facon traditionnelle (il ne faut pas avoir le vertige pour le traverser !). Pendant des jours, nous empruntons des troncons du Qhapaq Nan magnifiquement conserves, parsemes de ruines de Tambo, d Ushnu... Le sentier varie entre hauts plateaux sauvages ou nous ne croisons personne et des vallees toutes aussi isolees mais habitees, par des familles qui constituent a elles seules des hameaux.
Tout du long, cet itineraire s etend face a la majestueuse Cordillere Blanche. Longer ces chemins de pierres, parfois paves ou amenages d escaliers, degage une certaine magie et nous plonge dans l epoque Inca. Sortie de l itineraire pour rejoindre La Union, nous en profitons pour prendre une journee de repos et s atteler a lourde tache du lavage et de la reparation de l equipement.