De Chilecito, a mi-distance de notre traversee de l Argentine, nous avons continue a suivre principalement l axe de la Ruta 40. Pendant 30 jours sur 650 kilometres, c est entre plateaux arides et Cuestas que nous avons serpente afin d atteindre le toit des Andes, l Aconcagua (voir le premier resume).
Notre quatrieme etape, plus courte en temps de marche, laisse place aux fetes de Noel. Durant ces quelques jours, nous traversons successivement deux cuestas, dont celle de Miranda, toute en couleur ou nous trouvons enfin une riviere. Pour nous, c est un veritable cadeau aux pieds de sapins avant l heure, apres plus d un mois a parcourir des regions completement assechees. Nous consacrons une apres-midi a se delasser dans l eau. Un plaisir si simple qui nous rappelle a quel point l eau est un bien precieux qu il faut preserver.
Dans la toute petite ville de Villa Union, nous nous arretons quatre jours pour y feter Noel. Pas de flocon de neige cette annee, mais une chaleur etouffante (60°c en plein soleil) que nous supportons grace aux glaces, aux boissons fraiches et a la piscine. C est un reveillon simple que nous passons autour d une barbecue compose d une bonne viande argentine.
A l etape suivante, nous repartons sur la Ruta 40 a travers une longue portion desertique de 110 kilometres. Pour unique point d eau, nous trouvons une station service avec un nom significateur pour nous : El Oasis, ou nous faisons un plein, non pas d essence, mais d eau, 12.5 litres ! Ces lignes droites sont assez longues et monotones a parcourir, sans paysages varies et souvent sans point d ombre. Au bout de ces infernaux kilometres, nous atteignons deux nouvelles magnifiques Cuestas, ces petites routes serpentant dans les montagnes afin de traverser les massifs qui delimitent les plateaux arides.
Celle de Huaco reste pour nous l une des plus belles avec ses couleurs chatoyantes et contrastees, ainsi que le panorama qu elle offre. Puis dans la Cuesta del Viento, plus impostante et sepctaculaire, nous suivons la piste au bord du vide et nous y trouvons l un des plus grand Difunta Correa de notre route. Il protege et rassure les conducteurs, sur cette piste dangereuse, qui y deposent des centaines de bouteilles d eau en offrande. Au sommet, nous decouvrons un fond marin compose de roches volcaniques (les Andes sont nees dans le Pacifique). De l autre cote, le lac de Rodeo nous transporte dans un panorama tres different avec en arriere plan les montagnes enneigees du centre de la cordillere. C est au village de Rodeo que nous passons le Nouvel An, autour d une bouteille de vin argentin.
Pour notre sixieme etape, nous longeons les hauts sommets des Andes que nous avons quitte depuis bien longtemps. Des les premiers jours de marche en Argentine, nous avons chute des 4000 metres pour rester a une altitude comprise entre 1000 et 2000 metres. Nous reprenons petit a petit de la hauteur. Ici aussi, une pampa deserte nous attend. Nous ne savons pourquoi, peut etre le fait de retrouver des sommets, mais celle ci est plus agreable a parcourir. Nous avancons d un bon pas et commencons a sentir la fin du voyage. Au bout, nous arrivons a la vallee de Calingasta. Plus verte et plus habitee, elle contraste fortement avec ces trois derniers jours de marche. Il en faut autant pour la traverser.
De l autre cote de la vallee, a Barreal, nous prenons quelques jours de repos. La fatigue se fait de plus en plus sentir, l Argentine aura ete plus difficile que prevu. Ces immenses etendues, sous le cagnard, nous epuisent. Elles nous obligent a tenir un rythme de marche soutenu (jusqu a 5 km/h). A cote de cela, nos dos souffrent egalement du a l importante quantite d eau que nous transportons.
A notre toute derniere etape de l aventure, nous nous retrouvons face a une difficulte, 113 kilometres de pampa vierge sans un point d eau, la plus grande de notre parcours. Nous n avons pas d autre choix que de nous procurer un deuxieme caddie pour enmener avec nous 22 litres d eau. A une moyenne de 38 kilometres, il nous faut trois jours pour atteindre Uspallata, sous de violents orages reguliers.
Ici nous changeons d univers, la region est bien plus touristique du a la presence du volcan Aconcagua (a 70 kilometres de la). C est maintenant une route internationale a forte circulation que nous devons emprunter. Nous remontons la vallee du Rio Mendoza en direction du coeur des Andes. Nous sommes plonges dans un panorama de montagnes colorees. Le gigantisme nous entoure. Depuis quelques temps deja, nous suivons le Qhapaq Nan, mais malheureusement, il n en reste plus aucun vestige. Quant aux ruines de Tambos, il faut avoir de l imagination pour les distinguer.
C est apres 4700 kilometres et 8 mois d aventure que nous arrivons a Puente del Inca. C est ce pont naturel, merveille de la nature, exploite par les Incas, que nous avons choisi pour marquer la fin de notre marche a travers l empire Tahuantinsuyu.
Pour une fin plus isolee, plus elevee et plus a l image de notre voyage, nous renfilons nos chaussures et partons en direction du Cerro Penitentes culminant a 4352 metres d altitude. Avec Peni, un chien qui nous suit depuis le pont de l Inca, nous prenons, durant deux jours, de la hauteur dans une vallee etroite. Accompagnes de vols de condors, nous effectuons les dernieres enjambees de cette longue traversee. C est finalement au sommet du Cerro Guimon, culminant a 4238 metres d altitude, que nous laissons eclater notre joie face au geant de Andes, l Aconcagua...